En Finlande, face à une augmentation des agressions sexuelles, un groupe autoproclamé de « vigilance » a pris les devants : les Soldats d’Odin. Ces patrouilles, composées de citoyens, arpentent les rues pour, selon leurs dires, protéger la population. Mais cette initiative suscite de nombreuses interrogations et craintes, aussi bien sur leur légitimité que sur leur idéologie.
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Qui sont les Soldats d’Odin ?
Les Soldats d’Odin sont apparus en 2015 à Kemi, une ville du nord de la Finlande, en pleine crise migratoire européenne. Leur nom fait référence à Odin, le dieu de la guerre dans la mythologie nordique, ce qui symbolise pour eux leur volonté de défendre la Finlande contre les « dangers » qu’ils associent aux migrants. Le groupe se présente comme une réponse citoyenne à l’insécurité, mais beaucoup les accusent d’être un mouvement d’extrême droite, voire raciste.
Leur objectif principal est de patrouiller dans les espaces publics pour « protéger » les citoyens, en particulier contre ce qu’ils perçoivent comme une menace liée aux migrants. Ces patrouilles ont suscité une vive réaction, tant du côté de la population que des autorités.
Une réaction aux agressions ou un prétexte politique ?
Les Soldats d’Odin affirment que leur motivation est de répondre à une montée de la criminalité, notamment des agressions sexuelles. Cependant, les autorités finlandaises, tout en reconnaissant l’augmentation de certaines infractions, ont mis en garde contre ce type d’initiatives privées. Seppo Kolemainen, commissaire de la police nationale, a d’abord salué leurs actions, avant que le ministre de l’Intérieur ne réaffirme que la sécurité publique est une tâche réservée aux forces de l’ordre, et non à des groupes de citoyens auto-organisés.
Ce débat soulève une question délicate : peut-on laisser des citoyens prendre en charge la sécurité publique ? La police craint que ce type d’initiative conduise à une dérive, avec des groupes prenant la loi entre leurs mains. L’exemple des Soldats d’Odin montre comment une situation perçue comme une insécurité croissante peut servir de terreau à des mouvements plus radicaux.
Les critiques et les inquiétudes autour des Soldats d’Odin
Le groupe a rapidement été critiqué pour ses propos xénophobes et son agenda politique. Bien qu’ils rejettent toute affiliation avec des groupes néonazis, les Soldats d’Odin sont accusés de véhiculer des idées d’extrême droite sous couvert de « protection ». Ils sont désormais présents dans plusieurs pays, dont la Norvège, la Suède, et même en France, ce qui inquiète les gouvernements.
En Finlande, la situation soulève des inquiétudes sur la gestion de la sécurité publique. La montée de ce genre de patrouilles pourrait encourager une fragmentation de l’autorité, avec des groupes citoyens qui prennent le relais de la police, notamment dans un contexte où la sécurité devient un service payant pour les événements.
En résumé, la question des Soldats d’Odin dépasse la simple question de la sécurité publique. Ce groupe pose la question des limites de l’action citoyenne face à l’insécurité et montre comment des inquiétudes légitimes peuvent parfois être détournées à des fins politiques. La Finlande, à travers cet exemple, nous rappelle que la sécurité est un bien public et que sa gestion ne peut être laissée entre les mains de groupes aux intentions floues.