L’écologie politique est aujourd’hui sur toutes les lèvres en France, mais la réalité derrière les slogans verts est bien plus complexe qu’il n’y paraît. Entre alliances politiques, électorats fluctuants et enjeux idéologiques, le paysage de l’écologie politique mérite qu’on s’y attarde pour mieux comprendre son rôle actuel et son futur dans l’hexagone.
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Une ascension politique, mais une base instable
Le succès des écologistes lors des élections européennes de 2019, avec près de 14 % des suffrages pour la liste emmenée par Yannick Jadot, a redonné un coup de projecteur à Europe-Écologie-Les Verts (EELV). Pourtant, si ce score peut sembler impressionnant, il ne fait que s’inscrire dans une tradition d’élections marquées par des performances écologistes en dents de scie. Il suffit de revenir aux résultats obtenus par Daniel Cohn-Bendit en 2009 (16 %) ou même par Antoine Waechter en 1989 (11 %) pour se rendre compte que ce type de résultats n’est pas nouveau, mais qu’ils manquent souvent de durabilité.
En effet, malgré des pics électoraux réguliers, le vote vert en France n’a jamais véritablement débouché sur une victoire électorale pérenne. Cela s’explique en partie par la proximité idéologique entre les électorats socialistes et écologistes, qui tend à flouter les frontières politiques. Ce chevauchement fait que l’électeur vert peut aussi bien être un électeur socialiste, et inversement. Cette réalité rend difficile la construction d’un socle électoral solide pour l’écologie politique en France.
L’écologie : une question avant tout politique
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’écologie politique n’est pas un sujet neutre. Le mouvement écologiste français, malgré son image souvent associée à des préoccupations universelles, s’inscrit depuis ses débuts dans la gauche de l’échiquier politique.
Les programmes écologistes vont bien au-delà de la simple protection de l’environnement et englobent des sujets sociétaux plus larges, parfois radicaux, comme la réduction de la natalité, la fin des énergies fossiles ou encore la décroissance. Cette vision d’une société encadrée, avec moins d’enfants et une fin de l’automobile, contraste fortement avec les valeurs plus centrées sur la liberté individuelle et l’innovation technologique que pourraient défendre d’autres mouvements. Il est donc important de rappeler que, derrière l’image du « gentil environnementaliste », se cache parfois une vision du monde plus dirigiste et restrictive.
Le défi écologique pour la droite
Historiquement, le respect de la nature et la préservation de l’environnement n’étaient pas des sujets exclusivement de gauche. Le conservatisme, avec son attachement aux traditions et aux équilibres naturels, pourrait très bien intégrer une réflexion écologique au service d’une préservation des communautés locales et d’un développement durable.
Certaines figures conservatrices, comme l’essayiste Denis de Rougemont après la Seconde Guerre mondiale, ont tenté de lier régionalisme et écologie, rejetant l’État-nation au profit de la gestion locale et de la durabilité. En relisant ces auteurs, la droite pourrait trouver des pistes pour s’approprier une partie du discours écologique, en mettant l’accent sur la protection des écosystèmes tout en défendant les libertés individuelles et l’autonomie des régions.
Vers un avenir écologique pour tous ?
Si l’on souhaite que l’écologie ne soit plus l’apanage d’une seule partie de l’échiquier politique, il est essentiel de redéfinir les termes du débat. L’écologie peut, et doit, transcender les clivages traditionnels. Le respect de la nature, des communautés locales et le développement durable sont des enjeux qui concernent tous les courants politiques. La droite conservatrice, notamment, pourrait se réapproprier ces valeurs en les liant à la défense de l’identité, du patrimoine et du localisme.
En résumé, l’écologie politique en France se trouve à un carrefour. Tandis que les mouvements écologistes actuels restent solidement ancrés à gauche, la question environnementale est trop importante pour être réduite à une simple option politique. Il est temps que l’ensemble des courants politiques se saisissent de cet enjeu, car l’avenir de notre planète ne se limite pas à des alliances partisanes.